La Chronique de Bill – 22 novembre 2014

25 novembre 2014

J’aime bien quand on joue l’après-midi parce qu’au moins, on peut profiter du paysage pendant le voyage. Ciel bleu, jolies couleurs d’automne, mais y’en a un qui profitera de rien du tout, vu qu’il pionce sur la banquette arrière.

On arrive. Ya une ambiance étrange dans la cafèt’, des gens courent dans tous les sens, les fenêtres vers le terrain sont occultées par des portraits grandeur nature des joueurs. Dans la salle, des dizaines de panneaux de pub sur les murs et à côté, on dresse un buffet dans ce qui a tout l’air d’être un salon VIP. C’est quand même pas pour nous ? Ben non, faut pas rêver, ya un match de coupe d’Europe juste après le nôtre, Visé reçoit les Anglais de Ruislip (et ne me demandez pas où ça se trouve). Tous les gradins sont déployés, 350 places assises rien que pour moi. 16h20 et toujours personne sur le parquet. C’est bizarre. Sûrement un problème de maillot. 16h30, surprise, le HCK arrive en maillots… rouges ! Ben ça, j’avais jamais vu, encore heureux que ya pas écrit « Visé » en grand dans le dos. Ceci dit, c’est cool pour celui qui aurait dû faire la lessive chez nous et les sponsors de Visé seront contents. C’est rigolo, y’en a trois qui ont trouvé leur numéro fétiche et quatre un numéro qui ressemble. Je sais pas si le maillot y est pour kèkchoz mais l’échauffement est tout pareil des deux côtés. Et la musique est la même que chez nous, sauf qu’il y a un vrai DJ dans un coin de la salle. Tiens, à Visé, ya un ancien joueur de champ dans les buts et un ancien gardien sur le terrain. Sont zarbis ces Mosans.

Le parrain de l’heureux événement (ah oui, j’oubliais, l’heureux événement imminent dont je parlais la semaine dernière a fini par avoir lieu, il s’appelle Louis) est là, les arbitres aussi. Notre back a enfilé ses espèces de bottes de sept lieues et notre ailier a enfin son maillot sur le dos. Ballon collé au milieu du terrain, la musique s’arrête, c’est parti. Qui va être le plus perturbé ? Kraainem qui joue aux couleurs de Visé ou Visé qui joue contre lui-même ?

Premier but pour nous, la défense est en place. Mince, un blessé chez nous et on joue depuis à peine cinq minutes. J’espère que c’est pas trop grave. Mais quand on pèse quarante kilos tout mouillé et qu’on se ramasse un poids lourd sur le dos, normal que ya des os qui craquent. Le problème, c’est qu’on était que deux sur le banc et que maintenant on est plus que un. Bon, on mène toujours mais ça va pas louper, vu que c’est le même qui marque tout le temps, il va se faire prendre en individuel dès que le coach adverse en aura eu l’idée. Et crac, ça y est. Un Monsieur Hublot collé à notre tireur, va falloir ruser pour s’en débarrasser. Waouh, un but de l’aile droite par un droitier, ça c’est du beau boulot ! Et après ça, il réussit aussi à entourlouper Monsieur Hublot, qui abandonne sa surveillance rapprochée. Il sait vraiment tout faire celui-là, y compris râler parce qu’on vient de perdre bêtement le ballon. Penalty pour les autres. Le type tente un lob, c’est vraiment n’importe quoi face à notre gardien, et c’est raté, évidemment. La mi-temps se termine sur des ballons perdus, chipés, mis dehors et touchés du pied, mais pas de but. Retour aux vestiaires, on perd 16-12 et on n’est pas contents parce qu’on peut gagner, c’est évident, même moi je l’ai vu.

Une madame vient mettre des affichettes « réservé » sur les sièges tout autour de moi. « Réservé » pour qui d’abord ? Comment tu sais si tu peux t’asseoir ou pas ? La voilà qui repasse pour mettre toutes les affichettes autrement. Elle manque de se casser la figure mais faire ça avec des talons de vingt centimètres, faut oser. Ça s’agite coté salon VIP mais ça traîne côté parquet. Trois fois que la sirène nous casse les oreilles et toujours personne. Ah, les voilà. Monsieur Hublot est resté sur le banc, et du coup, on enchaine les buts. Et zou, les toiles d’araignée nettoyées dans le but adverse et on recolle au score. « Allez Papa » crie un gosse sur le bord du terrain. Chez nous, c’est devenu moins bon. Yen a un qui est trop crevé pour jouer plus de deux minutes mais ya pas grand monde sur le banc. Et finalement, on perd.

Le salon VIP est pas pour nous mais on nous offre quand même trois gâteaux énormes et délicieux à la cafèt’, pendant que les Anglais sont déjà au bar. D’ailleurs, s’ils continuent à boire notre bière comme ils boivent la leur, ils vont comprendre leur malheur paske notre pils, c’est pas du pipi de chat. Chez nous, le cœur n’y est pas. C’est toujours lugubre après une défaite. On est encore devant mais c’est seulement parce que Visé a un match de moins que nous. Débriefing du coach : quand l’attaque ne fonctionne pas, tu peux pas gagner. C’est un bon résumé. Et pour être en play-off, ya pas 36 solutions : il faut interdire les voyages de noces, les blessures, les études et les sorties le vendredi. Le hand et rien que le hand, voilà. Easy.

Et aussi, jamais jouer dans le maillot d’une autre équipe, ça porte la poisse.

Bill