La chronique de Bill – 15 octobre 2011

21 octobre 2011

J’aime bien venir à Kraainem, ils sont sympas dans ce club et ils nous chouchoutent davantage qu’ailleurs. Déjà, on peut avoir autre chose à boire que de la bête eau dont on n’est jamais sûr qu’elle ne vienne pas du robinet. Et après le match, on nous offre à manger. Pas un steak-frites, ne rêvons pas, mais leur bolo est vraiment extra.
Nous voici donc sur le terrain. Les coaches nous serrent la main. Ils sont tout sourire mais ça ne va pas durer. Au premier coup de sifflet, ça va râler. Je me demande parfois si on assiste à la même rencontre. Bon, c’est le moment de s’échauffer un peu. Ok, c’est plus léger que ce que font les joueurs mais on n’a plus vingt ans. Ceci dit, eux non plus. Sauf que nous, on ne risque pas grand-chose. Pas de coups, pas de chutes et pas de pirouettes de cirque, c’est plutôt tranquille comme boulot.
Huit heures, je siffle. Ca commence gentiment, les coaches sont calmes, les joueurs aussi, le match est très correct. Il n’y a pas beaucoup de public ce soir, à peine deux gradins, et seulement quelques enfants. En même temps, je ne comprends pas pourquoi on emmène les mômes, ça doit être d’un ennui mortel pour eux de rester assis sans bouger pendant une heure. Ce qui est clair c’est qu’il y en a moins que d’habitude et qu’en plus, ceux qui sont venus sont super sages.
Et voilà, ça rouspète sur le terrain. Evidemment que je l’ai vu, le tirage de maillot, mais si je siffle ça à chaque fois, on n’est pas sorti de l’auberge. Et maintenant, quoi ? Il y a un joueur par terre et on me réclame « deux minutes » depuis les gradins. Je dois avouer que je ne serais pas contre un ralenti pour être sûr. Mon collègue me fait un signe, il est d’accord et on envoie le fautif sur le banc. Le coach peste, évidemment, mais ça reste bon enfant. Faut dire qu’il y en a certains qui se prennent pour des stars et j’ai déjà entendu des coachs hurler des trucs horribles sur leurs joueurs. Mais restons lucides, notre niveau en Belgique n’est pas tout à fait comparable à celui de nos voisins. Il faudrait qu’il y ait plus de clubs, plus d’affiliés, et surtout, qu’on voie beaucoup plus de hand à la télévision pour inciter les jeunes à pratiquer ce sport. Oups, ça repart dans l’autre sens, j’ai intérêt à me secouer si je ne veux pas me laisser distancer. Misère, qu’est-ce qu’il se complique la vie, ce coach, avec ces changements incessants entre attaque et défense. En plus, c’est pour ma pomme, il faut que j’aie l’œil, des fois qu’ils seraient huit sur le terrain.
Trente minutes tout pile, c’est l’heure de la pause. J’imagine que les coaches vont en profiter pour dynamiser leurs troupes. Il faudrait aussi quelques pom-pom girls pour réveiller les spectateurs, mais ça, ce n’est pas pour demain.
Retour des joueurs et du maigre public. Quant aux enfants, ils en ont sans doute assez d’être sages et tournicotent autour des gradins. Pour autant qu’ils n’empiètent pas sur le terrain, c’est bon, on ne va pas demander la lune. Allez, encore un qui se croit dans une piscine et qui espère que je vais siffler un croche-patte imaginaire. Etale-toi si ça te fait plaisir, mon chou, mais moi, j’ai bien vu qu’il n’y avait rien à voir. Oh ! Faut pas pousser non plus, un tirage de maillot discret, ça passe, mais si tu en fais du kip-kap, je siffle. Ca me rappelle la fois où un joueur s’était retrouvé avec le maillot presque déchiré en deux. Il y a eu du travail pour les machines à coudre. Ouille, en voilà un qui vient me dénoncer du sang. C’est vrai que ce genou est écorché et j’envoie son propriétaire chez le soigneur. Si, si, un soigneur, ou plutôt une soigneuse, en l’occurrence. Mais quand même, ce pansement m’a l’air vachement énorme pour un aussi petit bobo. Le match se poursuit. Il y a de l’engagement de la part des joueurs, le score est très serré mais le public reste étrangement amorphe. Il y a bien quelques cris et quelques bravos et même quelqu’un pour me réclamer une carte rouge sur une phase soi-disant litigieuse, mais j’ai souvent vu les supporters de Kraainem plus en verve que ça.
Je siffle la fin sur un 29-25 qui ne semble satisfaire personne, c’est curieux ce manque d’enthousiasme. D’habitude, ça déménage plus à Kraainem. Bizarre.

Bill le noir