La chronique de Bill – 11 décembre

13 décembre 2011

Y en a pour penser que je bosse qu’un soir par an, mais c’est pas vrai du tout. Déjà, je commence à occuper le terrain dès que la Mère Citrouille dégage. Et c’est pas de tout repos de se farcir des centaines de gosses, dans un supermarché, une galerie marchande ou un magasin inévitablement surchauffé, avec des queues pas poss de moutards qui s’agitent, crient et se disputent mais me promettent invariablement, quand c’est leur tour, d’être bien sages, de bien travailler à l’école, d’être gentils avec leurs petits frères et soeurs et d’aider papa et maman à la maison. Mais c’est mon métier depuis presque mille ans, donc ça va, je gère, je connais la chanson et j’assure grave.
Je dis pas que la nuit du 5 décembre est cool, loin de là, parce que le boulot ne manque pas pour passer chez tous ces mioches, surtout depuis que je peux plus prendre mon pote le blackos avec moi. Parait que le Père Fouettard, c’est dénigrant pour la communauté noire et que ça le fait pas.
Ceci dit, à partir du 6 décembre, normalement, je suis en vacances. Surtout avec le Père Sapin qui n’attend que ça pour me piquer ma place, quand il n’essaie pas de me devancer en grimpant sur les façades dès le 1er décembre. Avec son gros bide et son bonnet ridicule, il est pas prêt d’atteindre le toit et ne l’atteint jamais, d’ailleurs.
Tout ça pour dire que j’ai eu un rab de taf au HCK ce week-end. J’étais trop content de pouvoir remettre mon magnifique manteau rouge, avec ma mitre bien droite et ma belle crosse dorée. D’accord, je sais pas ce que la mère Nicolas a fait avec ma robe blanche en dentelle, qu’elle a dû faire bouillir à la dernière lessive vu qu’elle m’arrivait aux genoux, mais les enfants sont toujours tellement impressionnés qu’il n’y a que les parents pour voir ce genre de détails.
Toc, toc, toc, j’ai frappé à la porte et suis entré dans la cafétéria dans un silence sépulcral, les mômes s’étant tous tus instantanément. Quelques petits étaient au bord des larmes, voire pleuraient franchement, d’autres hésitaient à quitter l’abri des bras ou des jambes de leurs parents et d’autres encore faisaient les malins et crânaient tout en restant à une distance respectable. Finalement, c’est moi qui ai fait le tour, pour les saluer et les rassurer, et ensuite je me suis assis sur mon trône, les enfants ont chanté pour moi et puis sont venus un par un, pour me jurer qu’ils avaient été angéliques et le seraient toute l’année. Chacun a reçu un cadeau et des bonbons et il y avait même un photographe pour immortaliser tout ça.
Je regrette juste de ne pas avoir eu accès au buffet de tartes et de gâteaux. Vu la quantité de parts que certains et certaines ont englouties sans sourciller, ça devait être délicieux.
Ah oui, je regrette aussi d’être arrivé un poil, c’est le cas de le dire, en retard, et comme j’étais quand même là avant tout pour les enfants, je n’ai pas pu donner le coup d’envoi du match.
Ah oui, au fait, le HCK a gagné.

Bill le saint