La Chronique de Bill – 27 août 2016

1 septembre 2016

A priori, c’est pas juste. On est au premier tour de la Coupe et non seulement on doit jouer contre des ex-D1 mais en plus, le match est chez eux. C’est loin, et tout le trajet sous le cagnard, dans une voiture sans clim’, autant dire qu’en arrivant, on est déjà trempés de sueur sans avoir levé le petit doigt.

Découverte de la salle, on m’a dit qu’elle était bien. C’est pas faux mais il y fait au moins 8000 degrés. Comment on peut jouer dans une telle fournaise ? Voilà les bleus, qui sont en jaune, qui arrivent pour l’échauffement. Ah oui, il fait torride mais faut quand même s’échauffer.

Voyons s’il y a de nouvelles têtes… Eh toi, le grand blond, pourquoi t’as piqué le maillot de Monsieur Caoutchouc ? Et d’ailleurs, il est où çui-là ? L’autre là, le beau gosse avec son maillot de gardien tout pourri que même il a fallu lui bricoler un numéro au tape dans le dos, sa tête me dit vaguement quelque chose. Ah, j’en vois encore deux que je connais pas. Faudra que je me rencarde. J’ai entendu dire qu’on avait fait une razzia sur les meilleurs joueurs de l’autre équipe bruxelloise.

Coup de sifflet, on y va. Faute technique d’un des nouveaux, ça commence mal. Ballon chipé, j’aime mieux ça. Prise de judo sur notre ailier, j’aime pas du tout. Un tir à côté, non plus. On maintient notre avance, malgré l’espèce de géant vert à maillot blanc qui nous met des tirs venus de nulle part. Temps mort pour eux. Faut qu’ils trouvent une solution pour nous passer en défense. C’est pas gagné. Deux pénos du grand blond, on est à +4. Après ils se la jouent JO et nous mettent une attaque à sept. C’est tout ce qu’ils ont trouvé pour déstabiliser notre défense et ça fonctionne. Un peu. Egalité au coup de sifflet. « Ça devrait être 11-18, ils sont super bons » commente un local derrière moi.

Allez, il reste 30′ de sauna à supporter, il faut tenir. Et on tient, plutôt bien. S’attendaient pas à ce qu’on soit aussi rapides en relance et le pauvre gardien qui hurle « sors, sors » au type qui a oublié qu’il devait sprinter dehors pour le laisser rentrer, c’est trop drôle. Le but vide, c’est cool pour marquer. Après, ils ont compris, ils s’arrangent pour nous ceinturer ou nous faire un truc pour pas qu’on soit devant leur but avant le gardien qui revient dare-dare. Yeah ! On mène d’un but ! J’ai pas pu m’empêcher de hurler. Je fais pas ça d’habitude, paske tout seul au milieu de mille supporters adverses, ça pourrait être risqué. Moins de trente secondes. Et zut, géant vert nous plante un coup franc. Egalité.

On fait quoi maintenant ? Des quoi ? Des prolongations ? C’était bien le jour d’avoir des prolongations, dans une salle où on peut pas respirer. Mais bon, on mène toujours. Dans le public, y en a qui sont pas trop sympas avec leurs joueurs, heureusement qu’ils entendent rien. Moi, je commence vraiment à être très nerveux. Et si on le gagnait, ce match ? Et si on s’offrait une belle surprise comme il y en a si peu en Coupe ? Et si on se la mangeait, cette ex-D1 ? On mène d’un but, je tremble des pieds à la tête. Trois buts d’avance, moins de deux minutes à jouer. Egalité. C’est à devenir fou. Les miens ne sont plus que trois sur le terrain, qu’est-ce qu’ils peuvent faire à trois contre six ? Une feinte façon HCK et zou que je me retrouve tout seul devant le but. On a gagné, j’en pleure de joie. Qu’est-ce que je les aime quand ils jouent comme ça. Avec leurs tripes ils l’ont gagné, ce match. Les autres sont anéantis, s’assoient par terre, se prennent la tête dans les mains. On se croirait presque en finale.

C’est pas fini de dix secondes que les lumières s’éteignent, merci bonsoir, tout le monde s’en va. Les locaux avaient prévu une fête et un barbecue ce soir mais je suis pas sûr qu’ils auront envie d’y aller. Par contre, ce dont je suis sûr, c’est qu’ils vont pas nous inviter. De toute façon, on est mieux à la maison alors zou, direction chez nous. Je crois que je vais changer de chauffeur et opter pour un carrosse avec clim’.

Samedi prochain, premier match de championnat, à Kraainem. Si vous avez vu la vidéo, vous savez ce qu’il vous reste à faire…

Bill